Cerveau créatif ?

Le magazine Cerveau et Psycho avait publié, en mars 2018 (n°97), un article signé Sébastien Bohler, qui m’avait vivement intéressée. 

En effet, je suis toujours à l’affut des progrès des neurosciences concernant la créativité pour les confronter à mon vécu. Comment naissent nos idées, comment sont-elles traitées par notre cerveau, comment en faire quelque chose pour nos écrits et pour notre vie en général ? 

Si le cerveau droit semble toujours jouer un rôle primordial dans la créativité, il a cessé d’être considéré par les scientifiques comme le seul siège de celle-ci. Des méthodes de neuro-imagerie très perfectionnées ont permis à des chercheurs de l’université Harvard à Cambridge (Roger Beaty) de localiser les trois réseaux neuronaux qui déterminent la créativité d’un individu. Ces réseaux intéressent les deux hémisphères du cerveau ; ils s’activent simultanément dans l’acte créatif. Le premier nous permet de rêvasser (« réseau par défaut »), le deuxième attire notre attention sur toute particularité intéressante de notre environnement (« réseau de saillance »),  le troisième concentre et organise (« réseau de direction »).  

Le hic est que ces trois réseaux ont tendance à fonctionner séparément, pire à s’opposer ! «  Il n’est pas donné à tout le monde d’être en même temps rêveur et méthodique » , conclut Sébastien Bohler.

Pour créer il faut donc s’appliquer à :

— produire de nombreuses idées ;

— sélectionner, parmi ces idées, celles qui sont intéressantes pour un projet donné ;

— les mettre en forme de façon rigoureuse et obstinée.

N’est-ce pas ce que nous proposons dans nos ateliers d’écritureÉmilieD ® ?

Est-il possible d’améliorer la connectivité entre ces trois réseaux ? Les chercheurs ne le disent pas encore. 

Que faire, donc, en attendant d’en savoir davantage, pour améliorer notre créativité ? 

Travailler et persévérer, sans oublier :

— de s’autoriser à ne rien faire pour laisser notre esprit vagabonder ;

— de ne pas s’arrêter à la première idée, mais d’en chercher beaucoup d’autres pour choisir les meilleures.

Mon amie, Odile Zeller (Plumes d’ici et d’ailleurs), et moi-même proposerons prochainement un stage Éveilleur d’idées ®.Il vous donnera des méthodes pour multiplier vos idées.

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Promotions sur les asticots

J’adore les exercices d’écriture de Pascal Perrat. Ils stimulent l’imagination, ils nous obligent à nous creuser les méninges ?

Mais que veut dire « se creuser les méninges » ? Réfléchir, d’accord. Mais comment ? L’expression dit bien qu’il s’agit de faire un intense effort, quasiment physique.

Je me propose de vous expliquer comment je procède pour répondre à la proposition d’écriture suivante.

Rédigez un texte promotionnel à partir de ce titre : « Promotions sur les asticots »

C’est plutôt loufoque comme sujet. La première chose qui vient à l’esprit est un simple panonceau dans un magasin d’accessoires de pêche à la ligne : « Pour fêter l’ouverture, promotions sur les asticots ! ».  C’est un peu court. Je fais la liste de tout ce que je sais sur les asticots, je vais vérifier sur Internet si ma mémoire n’est pas défaillante. Je connais aussi le terme d’argot « asticoter » qui signifie agacer à de multiples reprises et aussi le terme « asticot » utilisé pour un gamin particulièrement remuant. Je discute avec mon mari, très connaisseur du monde animal. Bref je recueille des matériaux et je laisse infuser quelques jours. Le sujet de cet exercice est quelque part dans ma pensée, il affleure de temps en temps, mais je ne suis pas prête.

Je vous disais que « se creusez les méninges » est une action quasi physique ? Alors voilà ;

Je suis le commerçant qui écrit son panonceau. Je sens la craie entre mes doigts et l’ardoise sous mon coude. Je le veux informatif, amusant avec une bonne dose d’humour noir. Alors j’écris :

PROMOTIONS SUR LES ASTICOTS

Asticotez ! Asticotons !

Que vous les aimiez en boîte en fer ou en sachets papier, nous pouvons vous les fournir, toujours bien vivants, bien gras, bien grouillants dans leur sciure de bois.

1 Pour la pêche, c’est d’ailleurs leur utilisation la plus répandue.

2 Pour nettoyer une plaie. Les asticots se nourrissent de tissus morts. Ils ont été souvent utilisés à cette fin dans les infirmeries de fortune des champs de bataille. Ils le sont encore ; il y a toujours une guerre quelque part.

3 Pour vous débarrasser plus vite d’un cadavre, saupoudrez-le d’asticots. Il sera plus vite nettoyé « à l’os ». Nous avons, à cette fin,  des conditionnements par 5 kg.

4 Utile aussi pour tromper le médecin sur l’heure de la mort de votre abominable voisin…

5  Faites une farce à votre belle-mère : mettez quelques asticots dans son assiette de riz. Elle n’y verra que du feu… Elle a bien besoin qu’on l’asticote.

6 Pour faire croire que votre vulgaire fromage de brebis est du cazu marzu et que vous l’avez rapporté de Sardaigne, glissez-y quelques asticots. Pas sûr que ce fromage grouillant plaira à vos invités, mais l’effet est garanti.

7 Nous avons aussi deux asticots en magasin, deux gamins, un « patapouf » et un « filifer », bien vivants, bien agités pour lesquels nous cherchons une baby sitter.

Beaux, beaux, nos asticots !

Remarque : ma pensée a d’abord été divergente, elle a cherché dans tous les sens. Puis elle a été convergente, au moment où elle a choisi la forme de sa réponse à la proposition d’écriture. J’espère vous avoir amusés. J’attends vos commentaires

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La « petite madeleine » de PROUST

Tout le monde connaît l’histoire de Marcel Proust et de sa petite madeleine. Mais qui s’intéresse à la façon dont il a fait revenir ce souvenir en lui ? Une « éveilleuse d’idées », bien sûr ! Jugez plutôt.

Proust vient de manger un morceau de madeleine trempé dans du thé.

(…) Mais, à l’instant même où la gorgée mêlée de miettes de gâteau, toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. (…) D’où avait pu me venir cette puissante joie ? (…) Que signifiait-elle ? Comment l’appréhender ? (…) Je pose ma tasse et me tourne vers mon esprit. C’est à lui de trouver la vérité. (…) Il est en face de quelque chose qui n’est pas encore et que seul il peut réaliser et faire entrer dans la lumière. (…) Je demande à mon esprit un effort de plus, de ramener encore une fois la sensation qui s’enfuit. (…) J’écarte tout obstacle, toute idée étrangère (…) Mais sentant mon esprit qui se fatigue sans réussir, je le force au contraire à prendre cette distraction que je lui refusais, à penser à autre chose, à se refaire avant une tentative suprême. Puis une deuxième fois, je fais le vide devant lui, je remets en face de lui la saveur encore récente de cette première gorgée et je sens tressaillir en moi quelque chose qui se déplace, voudrait s’élever, quelque chose qu’on aurait désancré, à une grande profondeur ; je ne sais ce que c’est mais cela monte lentement (…)

Arrivera-t-il jusqu’à la surface de ma claire conscience, ce souvenir, l’instant ancien que l’attraction d’un instant identique est venue de si loin solliciter, émouvoir, soulever tout au fond de moi. (…) Dix fois il me faut recommencer, me pencher vers lui.

(…) Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu.

J’aurais voulu vous recopier l’intégralité du texte, tant chaque phrase y est importante. La suite vous la connaissez.

Folio n° 820 Du côté de chez Swann– Marcel PROUST  p 56 à 61

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Ne désespérez pas de trouver une bonne idée


Vous avez un article à écrire, un nouveau chapitre pour votre roman à imaginer, un courrier embarrassant à rédiger, que sais-je ? Vous tournez le problème dans tous les sens, sans parvenir à trouver une idée qui vous convienne. Sans doute, vous sentez-vous terriblement frustré, et même triste : « Je suis nul ! Et pourquoi donc j’essaye d’écrire ! Je n’y arriverai jamais… ». 

Et bien je crois que cette phase de désespérance fait partie du processus de création. J’ai remarqué qu’il faut parfois que je patauge « grave » pour que quelque chose d’original me vienne. 

Comme je m’intéresse à la créativité, je m’observe en train de chercher des idées. Je suis en panne. Je cherche, je tourne et retourne des mots, des bribes de phrase, des embryons de concept, je feuillette mes carnets de notes. Rien ne me vient ; je m’enfonce dans une boue noire… Un beau matin — c’est souvent le matin —, l’idée sort de ce magma brouillon et obscur. Elle arrive, lumineuse, évidente, fluide. On dirait que mon cerveau s’est mis en ordre, à mes ordres. Je développe ce miracle sans effort. C’est très jouissif.

Avez-vous, vous aussi, connu cette expérience ?

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